Mais pourquoi les enfants sont hypnotisés par la télévision ?
Parce qu’ils regardent « Kaa » le serpent du livre de la jungle?
Parce qu’ils sont captivés par les dessins-animés ?
Parce que leur cerveau est plongé dans une douce léthargie devant le petit (ou grand écran)?
Attention, danger! De nombreuses études sont unanimes: les méfaits des écrans et en particulier de la télévision sur les enfants sont aujourd’hui largement reconnus…
Mais comment? Pourquoi ?
D’après psychologie.com*, c’est scientifique :
Si nos enfants restent scotchés devant la télé, c’est qu’elle les plonge dans un état proche de l’hypnose.Tout se passe au niveau du cerveau : aussitôt le poste allumé, des ondes lentes, dites « alpha », prennent le relais des ondes « bêta », celles de l’éveil. En temps normal, ce processus s’opère chez un individu en état de légère léthargie qui garde les yeux fermés, ou qui est en train de s’endormir.*
Pire, encore, les chercheurs ont démontré comment l’excès d’écran détériore les facultés d’analyse et d’esprit critique : ils « ont également observé chez l’enfant gavé de télé une nette prédominance de l’activité cérébrale dans l’hémisphère droit, celui qui traite l’information de façon émotionnelle. Résultat : l’esprit critique est annihilé et la capacité d’apprendre diminue. »*
On sait aussi que l’effet lié aux écrans perdure le double du temps passé devant: par exemple un enfant qui aura passé une heure devant la télé le matin verra son cerveau indisponible aux apprentissages pendant les deux heures qui suivent…
Les facultés d’imagination et de créativité sont elles aussi altérées. Selon le pédiatre allemand P. Winterstein qui a étudié les dessins d’enfants entre 5 et 6 ans il y a bien une différence selon le temps passé devant les écrans : les enfants « téléphages » (pour reprendre l’expression de Serge Tisseron) font des dessins pauvres en détails, sans relief, voire déstructurés…
Le sommeil et la santé seraient également impactés par un abus de télévision: cauchemars, hyperactivité, insomnies, problèmes de surpoids (les études ont démontré que ceux-ci surviennent sans modification du comportement alimentaire) augmenteraient avec le temps passé devant l’écran.
Enfin, d’autres chercheurs se sont penchés sur la question de la violence. Les enfants qui surconsomment la télévision seraient plus violents que les autres. Pourquoi?
Devant des images violentes, le cerveau réagit comme s’il était exposé à une situation réelle : il se met en état d’alerte, mobilisant le système limbique (ou siège des émotions), avec des réflexes de fuite ou d’agression. Mais à force de visionner le même genre d’images, ce système d’alerte subit une désensibilisation. Ainsi, progressivement, les enfants s’habituent à la violence et en viennent à la reproduire sans émotion. *
Même le CSA informe sur les méfaits de la télévision:
À la télévision, nos enfants ne voient pas la même chose que nous et cela peut engendrer certains troubles :
- difficultés à s’endormir
- cauchemars
- angoisses
- banalisation de la violence
- agressivité.
Même si votre enfant ne manifeste aucun signe de peur au moment où il voit une image qui le choque, ce qu’il a vécu peut ressurgir dans diverses situations, une fois la lumière éteinte par exemple ou dans son sommeil. Chaque enfant communique différemment avec ses parents. Il est donc important que vous sachiez repérer les signes et que vous pensiez à faire le lien avec des images qu’il aurait pu voir si cette peur trouve sa cause dans un programme. **
Alors faut-il supprimer la télévision pour les enfants? En réduire l’usage? Quel serait le bon dosage?
Pour Serge Tisseron, tout est question d’éducation:
Les technologies numériques sont un outil formidable, à condition de savoir s’en servir. Or cet apprentissage n’est pas seulement technique. Il concerne aussi la capacité d’en réguler les usages, et de se guider dans leur exploration sur la culture qu’on a acquise.***
Lorsqu’on lui demande de préciser les grandes lignes de ses conseils, voici sa réponse:
Les conseils qui découlent de la règle 3-6-9-12 vont dans trois directions. Il s’agit d’abord de l’apprentissage de l’auto régulation. Il est réalisé en fixant au jeune enfant des tranches horaires pour regarder des programmes spécifiques, de préférence sur DVD, et en fixant des contrats avec l’enfant plus grand. Le second axe de la règle 3-6-9-12 concerne la pratique de l’alternance : elle repose sur la variation des stimulations et l’encouragement de l’enfant à développer des activités qui mobilisent ses 5 sens et ses 10 doigts. Enfin, le troisième axe fort est l’accompagnement. Il consiste à faire raconter à l’enfant ses expériences d’écrans de façon à faire alterner l’utilisation de l’intelligence spatialisée et de l’intelligence narrative. En effet, aidé par l’adulte, l’enfant apprend à construire le récit de ce qu’il a vu, et passe de la pensée spatialisée propre aux écrans à la pensée linéaire du langage parlé ou écrit. Les écrans, qui ne sont malheureusement pas le plus souvent des espaces de sens pour l’enfant, peuvent le devenir à partir du moment où il lui en donne dans l’échange avec un adulte.***
Et cette fameuse règle des 3-6-9-12, qu’est-ce que c’est?
1. Pas d’écran avant 3 ans, ou tout au moins les éviter le plus possible
Parce que de nombreux travaux montrent que l’enfant de moins de trois ans ne gagne rien à la fréquentation des écrans .
2. Pas de console de jeu portable avant 6 ans
Aussitôt que les jeux numériques sont introduits dans la vie de l’enfant, ils accaparent toute son attention, et cela se fait évidemment aux dépens de ses autres activités. En outre, avant que l’enfant ne sache lire, les seuls jeux possibles sont sensori moteurs et basés sur la stéréotypie motrice .
3. Pas d’Internet avant 9 ans, et Internet accompagné jusqu’à l’entrée en collège
L’accompagnement des parents sur Internet n’est pas seulement destiné à éviter que l’enfant y soit confronté à des images difficilement supportables. Il doit lui permettre d’intégrer trois règles essentielles : tout ce que l’on y met peut tomber dans le domaine public, tout ce que l’on y met y restera éternellement, et tout ce que l’on y trouve est sujet à caution parce qu’il est impossible de savoir si c’est vrai ou si c’est faux.
4. Internet seul à partir de 12 ans, avec prudence
Là encore, un accompagnement des parents est nécessaire. Il faut définir avec l’enfant des règles d’usage, convenir d’horaires prédéfinis de navigation, mettre en place un contrôle parental…
5. Une règle nécessaire, mais pas suffisante
Enfin, si la règle « 3-6-9-12 » est nécessaire, elle n’est pas suffisante à elle seule. Cadrer le temps d’écran, et cela à tout âge, est essentiel. Entre 3 et 5 ans notamment, les enfants n’ont rien à gagner à passer plus d’une heure par jour devant un écran. ****
Le CSA va aussi dans ce sens puisque son affiche précise: »pas d’écran avant 3 ans, avant 8 ans seulement des programmes pour les enfants,… ».
Nous voilà prévenus… même si ce n’est pas facile dans le monde tel qu’il est aujourd’hui de ne pas se laisser happer par les écrans et leurs nombreuses sollicitations. Nous même, adultes, ne sommes nous pas attirés par les écrans et leur effets addictifs? Mais soyons vigilants pour nos enfants, ils nous remercieront plus tard.
*http://www.psychologies.com/Famille/Enfants/Epanouissement-de-l-enfant/Articles-et-Dossiers/Trop-de-tele-nuit-gravement-aux-enfants
**http://www.csa.fr/Television/Le-suivi-des-programmes/Jeunesse-et-protection-des-mineurs/Nos-enfants-et-la-television/L-impact-de-la-television
*** http://sergetisseron.com/3-6-9-12/textes/
**** http://www.sergetisseron.com/blog/la-regle-3-6-9-12-relayee-par-l